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La taxation des logements vacants en zone tendue : un outil contre la crise du logement

La France fait face à une situation paradoxale : alors que des millions de personnes peinent à se loger, près de 3 millions de logements resteraient vacants sur le territoire. Pour remédier à cette situation, particulièrement critique dans les zones où la demande de logement est forte, les pouvoirs publics ont mis en place plusieurs dispositifs fiscaux visant à inciter les propriétaires à remettre leurs biens sur le marché.

Qu’est-ce qu’une zone tendue ?

Les zones tendues correspondent aux agglomérations où existe un déséquilibre marqué entre l’offre et la demande de logements. Cette tension se traduit par des difficultés d’accès au logement pour les ménages, notamment les plus modestes, et par des prix élevés tant à l’achat qu’à la location. Ces zones sont définies par arrêté ministériel et regroupent généralement les grandes métropoles et leurs périphéries : Paris et sa région, Lyon, Marseille, Toulouse, Bordeaux, Lille, Nice, ou encore Strasbourg. Mais les communes de la Côte basque et certaines des Landes ne sont pas épargnées.

Les outils fiscaux de lutte contre la vacance

Face à ce constat, deux dispositifs principaux de taxation ont été progressivement instaurés.

La taxe sur les logements vacants (TLV) s’applique dans les communes appartenant à une zone d’urbanisation continue de plus de 50 000 habitants où existe un déséquilibre marqué entre l’offre et la demande de logements. Cette taxe concerne les logements vacants depuis au moins un an au 1er janvier de l’année d’imposition. Son montant correspond à 17% de la valeur locative la première année, puis 34% les années suivantes. L’objectif est clair : rendre la vacance plus coûteuse que la mise en location.

La taxe d’habitation sur les logements vacants (THLV) peut être instituée par délibération des communes situées en zone tendue. Elle s’applique également aux logements vides depuis au moins deux ans, avec un taux qui varie selon les décisions locales.

Une efficacité nuancée

L’impact de ces dispositifs fait l’objet de débats. Les défenseurs de ces taxes soulignent qu’elles ont permis de remettre sur le marché des dizaines de milliers de logements. Dans certaines villes, les propriétaires ont préféré louer ou vendre plutôt que de supporter le coût fiscal de la vacance. Les recettes générées alimentent par ailleurs les budgets dédiés au logement social.

Néanmoins, plusieurs limites sont régulièrement pointées. D’abord, tous les logements vacants ne le sont pas par choix : certains nécessitent des travaux importants, d’autres font l’objet de successions complexes ou de litiges juridiques. La vacance technique, liée au temps nécessaire entre deux locataires, est également inévitable. De plus, certains propriétaires préfèrent encore assumer la taxe plutôt que de se confronter aux contraintes de la location, notamment dans un contexte où l’encadrement des loyers et les difficultés d’expulsion peuvent les inquiéter.

Les enjeux d’une politique plus globale

La taxation des logements vacants ne peut constituer qu’un élément d’une politique du logement plus ambitieuse. Elle doit s’accompagner de mesures d’incitation positive, comme les aides à la rénovation pour les propriétaires qui s’engagent à louer, ou les dispositifs d’intermédiation locative qui sécurisent les bailleurs tout en garantissant l’accès au logement des publics fragiles.

La question de l’équilibre entre contrainte fiscale et attractivité de l’investissement locatif reste centrale. Trop de pression pourrait décourager les propriétaires et réduire l’offre, tandis qu’une approche trop timide ne permettrait pas de mobiliser le gisement de logements vides. Les collectivités locales cherchent donc la bonne graduation, adaptée aux spécificités de leur territoire.

Perspectives

Alors que la crise du logement s’intensifie dans de nombreuses métropoles, la taxation des logements vacants apparaît comme un levier légitime mais insuffisant. Son efficacité dépendra de sa capacité à s’intégrer dans une stratégie d’ensemble, combinant construction de logements neufs, rénovation du parc existant, régulation du marché locatif et accompagnement des propriétaires. L’enjeu est de taille : faire en sorte que chaque logement contribue à répondre aux besoins d’une population en quête d’un toit accessible et digne.